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"Tu n'aimes pas cette fille ?
- Non, Maman, je n'aime pas cette fille ! dis-je énervé qu'elle parle de cela une fois encore.
Maman me dévisagea, elle me regarda, caressa ma main, passa son index dans la mèche rebelle qui recouvrait mon oeil gauche, elle voulait voir mes yeux, ces yeux qu'elle aimant tant. J'avais éludé les autres questions qui n'avaient pas vraiment de sens dans notre discussion "Est-ce que j'avais déjà eu une copine ?", "Est-ce que je préfère les blondes ou les brunes ?", "Est-ce que je préfèrerais une femme cultivée qui travaillerait à une femme qui le serait beaucoup moins et qui se consacrerait à sa famille ?". Je n'avais pas envie de répondre à cela, parce que, finalement, il 'agissait des sujets auxquels je n'avais même pas réfléchi.
- Tu n'aimes pas les filles ?
- Tu serais extrêmement déçue si c'était le cas ?
- Mais pourquoi serais-je déçue ?
- Parce que je préfèrerais les garçons !
- Évidemment que je suis déçue ! Tu te rends compte ? Mon fils est homosexuel !
- Tout de suite les grands mots ! Homosexuel, comme tu y vas là...
- Mais tu aimes un garçon ! Ce n'est pas anodin, Fred-Érick. Un garçon ce n'est pas une fille à ce que je sache.
- Mais on n'a rien fait !
- "Vous n'avez rien fait !" Mais alors explique-moi pourquoi ce mot d'Amélie ?
- On est juste de très bon copains, c'est tout !
- C'est tout ?
- Bon, on s'est juste embrassés, mais rien d'autre ! Ce n'est pas un drame, M'man, quand même !
- Si justement, c'est un drame !"
Après avoir prévenu son mari, officier supérieur chez les commandos marine de Lorient, ce dernier rejoint Toulouse le plus rapidement possible. Sous l'emprise de son épouse, née dans une famille de l'ancienne noblesse déchue de la région, il frappe son fils avec une telle violence que Fréd-Érick, qui ne sait même pas lui-même s'il aime les filles ou les garçons, fugue à près de 18 ans et rejoint Paris par le train. Blessé et tuméfié au niveau du visage, un jeune homme de son âge s'assied face à lui dans le wagon. Après avoir sympathisé, et Lancelot ayant compris la fuite de Fred-Érick, l'invite chez sa mère, près de la place Rivoli. Le lendemain, alors qu'ils visitent les rues proches, un drame survient. Après plusieurs mois de coma, le fugueur se réveille à la Pitié-Salpêtrière, paraplégique. Commence alors la rééducation auprès d'un élève kinésithérapeute avec qui le jeune homme se sent enfin en confiance.
Fred-Érick va-t-il trouver dans les conséquences de ce drame, la seule issue pour enfin être heureux ?
Illustration : Tifenn-Athénaïs David (Instagram : la_petite_fee_spaghetti)
361 pages