par
« Vous êtes–vous jamais demandé ce qui se passerait si un lutin irlandais, atteint de violonisme de surcroît, se retrouvait enfermé dans le plus horrible des asiles de fous de l’Angleterre victorienne?
Bhoil, si seulement mon verre n’était aussi vide et ma gorge aussi sèche, je vous raconterais l'histoire de Flannan O’Connor, dangereux révolutionnaire selon certains, visionnaire mystique selon d'autres, et de son amour désespéré pour la belle Maggie aux yeux de saphir, qui le porta dans un voyage initiatique au fond de la folie humaine.
Ce seront ses chants en gaélique, d’une beauté ensorcelante, à le sauver? Ou son combat pour sa liberté et celle de son peuple? Ou la complicité d’un infirmier breton et des druides de Glastonbury? On l’ignore, mais nous le suivrons au pas des chansons et des récits que Flannan nous fera écouter. »
Mémoires d'un follet est le premier roman de Elisa Nicotra. Défini tantôt comme roman historique, tantôt comme fable gothique, tantôt comme roman d'initiation dans la forme épistolaire chère aux récits de dix-huitième et dix-neuvième siècle, il fait preuve de modernité dans ses passages de la première à la troisième personne qui permettent au lecteur de changer de point de vue et de découvrir la relativité du concept de folie. D'ailleurs, le protagoniste même se trouve entre deux natures et entre deux mondes : celui des elfes et celui des humains ; celui de l'Irlande pure et dure de la Gaeltach et celui de la Londres victorienne. Dans un cadre picaresque agrémenté de mésaventures amoureuses sont sertis des nombreux clins d’œil philosophiques et culturels, à la mythologie, à la peinture et à la littérature qui se fondent dans les délires féeriques du protagoniste, et expliqués par un Narrateur ironiquement pompeux dans des doctes notes à pied de page. Une attention particulière est offerte à la musique, qui joue un rôle thérapeutique, car c'est la seule clef pour fuir des cellules réelles ou imaginaires. C'est grâce à la musique que le jeune elfe, violoniste et chanteur acharné, finit par comprendre que les Anglais ne sont pas des ennemis, puisque leur musique est si proche à celle de sa chère Irlande. Ce message de paix ne veut pourtant pas inciter à effacer la mémoire des massacres et des tragédies que l'Irlande vécut à l'époque : simplement, Flannan comprend que l'ennemi est ailleurs, plus sournois, plus puissant, que l'opposition entre peuples n'est qu'illusion.
Le style, selon les commentaires des lecteurs, est « pétillant », le vocabulaire précieux et hardi, les passages entre les registres familiers, les néologismes féeriques et les clins d’œil au style et au vocabulaire du XIXième siècle plaisent aux lecteurs exigeants et cultivés. Les poèmes et les moments de lyrisme amènent le lecteur en un temps suspendu hors la narration, dans les méandres féeriques de l'âme du protagoniste.