Petit zoom sur ma carte de navigation qui mena à mon côté plume
Ayoubowan (bonjour) à tous,
Voici quelques décennies, un oiseau métallique me déposa avec frère et mère à la " maison blanche " pour rejoindre mon père sur le sol marocain. C'est là que pour la première fois, j'entendis parler de " Provinces Françaises ", moi qui commençais à peine à m'exprimer dans cette langue autrefois aimée par les cours étrangères sans double culture linguistique. Je ne connaissais pas notre hexagone ni ses diversités régionales, séjournant en France peu de temps, tous les deux ans ...
De mes promenades en bord de mer dans la banlieue casablancaise, riche et pauvre, je me rappelle mon regard d'enfant posé sur la ligne d'horizon. Cette route maritime toujours redessinée par des bateaux de toutes coques qui se croisaient ou se suivaient avant de soudain la quitter.
Alors à bord de l'un d'eux, un ferry, souvent accoudée à son bastingage durant mes traversées successives du petit détroit de Gibraltar, j'étais fascinée par les dauphins chahuteurs et familiers faisant la course avec nous jusqu'à Algésiras...
Au sein de ce pays touristique, aux plats épicés, aux villes impériales, aux vallées et montagnes de lumière, aux oueds parfois débordants, j'ai rencontré la douceur berbère, fréquenté des amis juifs et arabes, accueillants et complices. Sans rien édulcorer, j'ai aussi eu la chance de côtoyer des gens au niveau social précaire et pourtant si généreux ...
Je suis donc un peu faite de cette alliance Méditerranée-Atlantique agrémentée de deux gouttes d'Océan Indien par ma maternité. De ces mers parcourues par bien des navigateurs Bretons connus ou anonymes, de ces voyageurs au long cours qui jamais n'oublient leur Bretagne natale. Cette Bretagne qui m'a aussi adoptée ! Enfin, certains de ces marins ont vécu et vivent leur passion à bord de catamarans, ces bateaux issus des frêles embarcations appelées " katu maran " dont le nom et l'inspiration sont originaires d'un petit coin d'Asie du Sud-Est cher à mon cœur, et dont la traduction signifie " troncs liés " car tous ses éléments, y compris ceux en bois, étaient cousus.
Bien sûr, pour moi, l'écriture s'est glissée entre couture et tissage dans ma langue natale que je souhaite pleine de couleurs et d'accents. D'abord inspirés par " les petits comptoirs marocains " comme je qualifiais, enfant, les étals ou les étroites boutiques des souks et bazars bigarrés qui ont fait naître en moi l'envie d'écrire pour embarquer ailleurs le voyageur sur canapé. Ainsi, j'aime le patchwork des mots, le point mousse, ceux brodés pour des histoires imaginaires qui font rêver, s'évader ou grandir, qu'ils soient assemblés en prose ou pas trop sévèrement ordonnés ...
Comme la plupart des amateurs de plume, je suis, rigueur oblige, un peu solitaire. Cependant, mon côté solidaire se loge dans ma fonction de cueilleuse-passeuse en mettant en forme des notes couchées sur papier de manière plus longue, racontant les événements d'une vie, d'un parcours, d'un destin, d'une petite histoire qui parfois croise ou s'imbrique dans la grande, avec les mots du demandeur. Cet accompagnement de plume revêt un aspect particulier et fait partie de ces moments de solitude aidante sans la charge de l'assistanat psychologique ... et permet " d'offrir " un réel bonheur à quelqu'un qui veut laisser une trace ou transmettre quelque chose aux siens ...
S'il me tient à cœur d'être la mieux éduquée possible en faisant preuve d'ouverture d'esprit et de savoir-vivre avec mes semblables, j'exècre l'égocentrisme, les caractères imbus de leur personne, les fourbes, les pleurnichards et les acerbes. En revanche, j'affectionne les âmes riches en sensibilités et modestie, les êtres pleins d'humour, espérant appartenir à cette catégorie. De ce point de vue, il est clair qu'à travers ces dernières lignes, ce n'est pas là que se trouve ma part de mystère.
En dehors de son parfum, de ses pouvoirs culinaires ou de ses vertus médicinales, le romarin au joli nom latin ROS MARINUS (rosée de la mer), était pour les Grecs le symbole du souvenir, c'est Hamlet qui me le rappelle. Alors pourquoi ne pas l'avoir comme "emblème" d'écrivain ?
Enfin, pourquoi écrire ? Pour le plaisir, par " faim " de croire à cette utopie de comprendre, de décider, de retenir le temps, ... un temps, lui qui n'attend pas, j'entends bien !
Istouti (merci) d'être allé(e) au bout de cette lecture !
Laurence F. Daigneau
Aujourd'hui, bien dans ma peau d'auteure, la greffe de mon derme d'illustratrice est une bien belle aventure.
Mes divers écrits affichés, c'est-à-dire en dehors de ceux de mon registre biographique pour autrui, sont des romans *, des contes pour enfants et adultes, des nouvelles pour ados et adultes, des ouvrages de vulgarisation, et bien entendu, des livres de coloriage. *Ma trilogie dont la toile de fonds est la Préhistoire, est plutôt de type uchronique. Les second et troisième tomes sont illustrés de dessins insérés dans le texte, bien sûr, travaillés au crayon de manganèse ! Des conférences ont fini par étoffer mes interventions. Ce, grâce à l'histoire émouvante et véridique du mousse Narcisse Pelletier qui m'a bouleversée.
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Ma plume gourmande a mûri. Mon coup de crayon a trouvé sa place et laisse libre cour à mon imagination, souvent dans un duo d'encre noir et blanc. Des interventions en milieu scolaire, en médiathèques, en musées et des expositions ont eu lieu et sont à venir.
Au fil des salons du livre, des rencontres de lecteurs, avec d'autres auteurs, des amitiés sont nées et des collaborations graphiques ont vu le jour. Ma bibliographie s'est ainsi étoffée dans ce nécessaire besoin, oui, de construire avec les mots et les formes selon le bon vouloir de mes personnages de papier !
Sur mon site web se trouvent les dates de mes futures rencontres-dédicaces ainsi que les comptes-rendus et dates de celles qui ont eu lieu. Je propose également des ateliers graphiques et présente volontiers l'histoire de l'apparition du livre dans le monde via mon butaï : cette grande enveloppe en bois fixée au vélos des colporteurs Japonais au début du 19ème siècle pour distraire les enfants dans les rues. Et ceux qui achetaient des bonbons avaient la meilleure place pour écouter de fameux récits et regarder les images défier ! Grosse déception pour vous, petits et grands, car, hélas, je ne vends ni n'offre de sucreries !