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Sauvageonne rebelle, Marie prit conscience très tôt qu'elle vivait dans une société bâtie sur l'inégalité et l'injustice. Seul le hasard de la naissance décidait de la bonne ou de la mauvaise fortune. L'aristocrate vivait sur le dos du peuple, dans la joie et l'opulence ; le déshérité traînait sa misère comme un boulet, accablé par la morgue du nanti, écrasé par une servitude cautionnée par l'Eglise, car voulue par Dieu. Il y avait là matière à révolte. Refusant la fatalité, Marie voulut changer le cours de son destin et osa braver l'ordre établi. Mais les privilégiés, dévots ou tartufes, imbus d'un farouche esprit de caste, n'étaient pas enclins à "partager le fardeau des pauvres", comme le leur reprochait Bossuet. La raison du plus fort est toujours la meilleure. Un noble "prouva par sa harangue qu'il fallait dévouer ce maudit animal. Manger l'herbe d'autrui ! Quel crime abominable ! Rien que la mort n'était capable d'expier son forfait : on le lui fit bien voir". A travers ce roman, Charles Doursenaud explore une nouvelle fois les méandres de l'âme en nous immergeant avec sa minutie d'historien au coeur d'une société inégalitaire et injuste où la bassesse et la cruauté prospèrent sur le terreau de l'antagonisme de classe.